De passage sur Lannion pour les fêtes, Jonathan Marc, membre de l’équipe de France ayant depuis ses plus jeunes années apporté de nombreuses médailles au Lannion CK, nous à offert un long interview.
Salut Jonathan, tu es au club depuis longtemps, mais de par tes études n’est plus souvent sur Lannion. Bien que tu continues à naviguer sur le Léguer dès que tu passes dans le Trégor, tout le monde au club ne te connais pas encore, en particulier les plus jeunes. Est-ce que tu peux te présenter ?
Bonjour à tous !
J’ai 25 ans. Je suis né à Lannion. J’ai commencé le kayak à l’âge de 8 ans, lors d’une journée portes ouvertes organisée par le club. C’est Nicolas Le Friec qui m’a mis dans un kayak et il est toujours à mes côtés maintenant. Lors de mes années de Cadet et Junior, je m’entraînais au club au sein du pôle espoir. En junior 2, j’ai fait le choix d’aller au Pôle France de Rennes. Je suis resté 3 ans, avant de partir sur le pôle France de Toulouse où je m’entraîne depuis 6 ans. Désormais, je vis entre Pau et Toulouse, pour allier stratégiquement les cours de mon Master Finance avec la préparation des sélections équipes de France et des courses internationales.
Interview lors des débuts de john, en 1999
Tu as commencé le kayak assez jeune, qu’est ce qui t’as plus dans ce sport ? Est-ce que tu as essayé d’autres sports avant ?
J’ai pratiqué d’autres sports avant comme le judo et le foot. Je me demande toujours pourquoi j’ai accroché au kayak car quand on est débutant et mal équipé, l’activité est rude. Je ne regrette pas d’avoir continué, sûrement grâce à un bon groupe de copains au sein du club, car j’ai maintenant énormément de plaisir à naviguer.
Comment se sont passées tes premières années de kayak ? Que retiens tu comme meilleurs (ou mauvais) souvenirs de tes premières années ?
Des bons souvenirs j’en ai pleins. Comme la fois, en benjamin, où j’ai remporté une compétition de course en ligne alors que j’avais nagé plusieurs fois avant d’arriver au départ, car je n’étais jamais monté dans ce genre d’embarcation. Mes meilleurs souvenirs restent surtout liés à tous les stages réalisés avec le club, sur la Pallaresa, en Espagne, notamment.
Jonathan dans son embarcation favorite
A quel âge as-tu choisit de te consacrer au canoë ? Qu’est ce qui t’as fait préférer cette embarcation ?
J’ai changé d’embarcation en Minimes 2, cela faisait longtemps que j’avais envie d’essayer le canoë. Je ne progressais plus vraiment en kayak et Bozo (Franck) m’a aussi bien motivé dans ce choix. J’avais envie de découvrir une autre activité qui me paraissait plus impressionnante à regarder.
Actuellement, plusieurs compétiteurs choisissent de pratiquer d’autres embarcations afin de progresser et varier les entraînements. Navigues-tu toujours en C1, ou t’arrive-t-il de varier les embarcations (C2, kayak) ?
Je m’entraîne beaucoup en canoë mais j’essaye aussi de pratiquer le kayak, souvent en course en ligne ou en descente. J’adore pratiquer le kayak en slalom pour m’amuser. En compétition, je préfère me concentrer essentiellement sur le C1 même si j’aurais bien aimé faire du C2 avec Simon Le Friec. Mais je pense que c’est délicat de jongler entre deux catégories sur les courses importantes.
Simon et Jonathan lors de la coupe du monde de Cardiff (Pays de Galles)
Tu fais désormais partit des meilleurs mondiaux (20iéme au classement mondial). Comment s’est passé ta progression ? Quels étaient tes résultats lorsque tu étais jeune ? Cadet ? Junior ?
Au début, de Poussin à Minime, mes entraînements étaient variés dans toutes les disciplines et j’ai obtenu plusieurs titres de champion de Bretagne « Yaouank ». En Cadet et Junior, j’ai obtenu deux titres de vice-champion de France dans les deux catégories d’âge. J’ai décroché ma sélection en Equipe de France Junior, en junior 1, à la surprise générale en 2005. Cela a été un énorme tremplin pour moi. J’ai réussi à décrocher une médaille d’or par équipe aux championnats d’Europe. L’année suivante, j’ai commis une erreur sur une porte qui m’a privé de sélection mais cet échec m’a permis de rebondir avec plus de hargne. Et j’ai ainsi obtenu ma sélection en Equipe de France moins de 23, dès ma première année. Ensuite, j’ai connu deux années blanches quand les sélections ont commencé à se dérouler à Pau. J’ai fini par trouver la clé de ce bassin ce qui me permet d’être dans les quatre premiers bateaux sur les trois dernières années. L’an dernier, j’ai enfin réussi à intégrer l’équipe de France sénior (trois premiers).
Ski de fond et biathlon permettent de préparer physiquement la saison
Quel est actuellement ton programme d’entrainement ? Combien de séances réalises-tu par semaine ? Est-ce que celles-ci sont basées sur la navigation ou réalises-tu une partie de tes entraînements à terre (footing, musculation…) ?
Mon programme d’entraînement est établi par rapport à mes pics de forme que je dois avoir au fil de la saison. Il y en a souvent deux, si tout se passe bien : le premier a lieu pour les sélections équipe de France et le second se situe sur la compétition internationale la plus importante où j’ai réussi à me sélectionner. J’ai donc différents blocs d’entraînement de trois semaines de travail alternés avec des semaines de récupération. Lors d’une semaine type, je réalise entre douze et quatorze séances d’entraînements. En début d’année, je mets la priorité sur la préparation physique avec des activités annexes (musculation, course à pied, vtt, ski de fond, boxe, natation, yoga…). Après le stage de ski de fond annuel, début janvier, j’entame une préparation plus ciblée sur la navigation.
Stage de travail technique au soleil des Emirats Arabes Unis
Lors de tes séances en bateau, privilégies-tu la progression technique (séances en eau vive, dans les portes) ou physique ? Comment évoluent tes séances au cours de l’année ? L’expérience venant, as-tu modifié le contenu des séances comparé à tes années junior /-23ans ?
Sur la première partie de la saison, je privilégie la préparation physique tout en gardant des séances techniques car c’est l’un des points sur lequel je dois travailler. Après le stage de ski de fond, je pars aux Emirats Arabes Unis (E.A.U) pour trois semaines de travail technique. Depuis mes années juniors, le contenu de mes séances a beaucoup évolué avec une approche, des entraîneurs, des lieux et du matériels différents.
Tu n’as bien sûr pas commencé le kayak avec une telle charge d’entrainement. Comment s’est étalée l’augmentation du nombre de séances, vers quel âge as-tu commencé à t’entrainer aussi fortement ?
Avant minime, je pratiquais le kayak entre 3 et 5 fois par semaine, selon le rythme du club. Pendant mes années de cadet et junior, le nombre de séances est passé à huit séances grâce au Pôle Espoir. Ensuite, une fois sur le Pôle France de Rennes, en Junior 2, vers 17 ans, j’ai commencé à m’entraîner deux fois par jour.
Le stade d’eau vive de Lannion à beaucoup compté dans la progression de Jonathan !
Tu as navigué sur la plupart des bassins mondiaux, quel sont ceux qui t’on le plus marqués ? Si tu devais choisir un top 5 des bassins ou rivières, lesquels choisirais-tu ?
A ce jour celui qui m’a le plus impressionné est celui des E.A.U, car il y a trois bassins concentrés sur un même site, et le plus gros mesure environ 800m. Un vrai régal ! Mon top 5 serait le suivant, dans l’ordre de préférence : Lannion (bien sûr !), Bourg St-Maurice, Sydney, Al Aïn, Pau. Concernant les rivières, mes meilleurs souvenirs restent sur le Haut-Rhin, à la frontière germano-suisse.
Merci pour cette présentation, lors de la suite de l’interview nous reviendrons sur la saison passée, ton futur, mais également sur les conseils que tu pourrais donner aux jeunes du club…