Lors de l’article précédent, nous vous avons présenté Jonathan et parlé de ses premières années de kayak. Depuis, il s’est spécialisé au canoë monoplace et est devenu l’un des meilleurs céistes mondiaux. Il revient sur cette année où il a alterné réussite et moins bons résultats.
Jonathan et les canoës du club lors des eurolympiques
Jonathan, globalement, que retiens-tu de cette saison ?
J’essaye d’en retenir du positif car cela reste ma première sélection en équipe de France sénior et ma première médaille mondiale (médaille de bronze par équipe). Pourtant, l’objectif n’a pas été atteint car je n’ai pas réussi à exprimer mon potentiel sur les courses internationales.
Dans le passé, tu as fait partie des collectifs Juniors, puis -23ans de l’équipe de France. Cette saison était ta première année en équipe de France senior. Qu’est-ce que cela a changé dans ta préparation ? Est-ce que cela t’a apporté des facilités d’entraînement, pour rechercher des sponsors, pour tes études ?
Après avoir gagné une course de sélection olympique en 2012, je m’étais prouvé que j’avais le niveau pour aller en équipe de France sénior. J’ai donc mis toutes les chances de mon côté en 2013 en changeant de forme de bateau, en allant aux Emirats Arabes unis (E.A.U) m’entraîner trois semaines pendant l’hiver, diviser mon Master 1 Finance en deux années, et en louant un deuxième appartement, à Pau. Malgré les retombées positives de ces choix, ce n’est pas pour autant que j’ai trouvé des partenaires. Au contraire…
Tu as alterné grosses performances (piges, finale de la coupe du monde, coupe de France, eurolympiques) et moins bons résultats. Que t’a-t-il manqué lors de cette saison ?
En effet, ma saison au niveau national a été très bonne mais elle est contrastée sur le plan international. Après mon échec aux Mondiaux, j’ai mis du temps à trouver les réponses. Il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en compte : choix de la programmation, matériels, le tout accompagné de points faibles techniques et mentaux. J’ai donc dû modifier plusieurs choses dans ma préparation pour essayer de m’améliorer cette année.
Ton programme de courses et d’entraînement est très chargé. Comment fais-tu pour réussir à concilier études et sport de haut niveau ?
Avec mon statut de sportif de haut-niveau, je bénéficie d’aménagements scolaires à l’IAE de Toulouse : division de mon Master 1 en deux années, report de partiels, changement de groupes de TD, mentors… C’est aussi réalisable grâce aux encadrants de ma formation et du Pôle France de Toulouse qui sont conciliants.
Le public est très nombreux lors des mondiaux
Tu as participé à tes premiers championnats du monde cet été à Prague (République Tchèque). Qu’est ce qui change sur cette compétition par rapport à celles auxquelles tu participes régulièrement (coupe de France, coupes du monde…) ?
C’est la compétition la plus prestigieuse de l’année où tous les kayakistes rêvent de briller. L’équipe d’encadrement est impressionnante, sans parler de la ferveur du public qui nous transporte.
L’équipe de France au départ pour la médaille mondiale
De toutes les manches de coupe du monde, quelle est celle que tu as trouvé la plus agréable ? La plus dure ? Celle qui t’as le moins plu ?
La plus difficile a été celle de Tacen, en Slovénie. Après mes échecs sur les trois premières coupes du Monde, j’avais l’impression de revenir sur des bases solides, pourtant je m’arrête en qualifications. Cela a été très dur à encaisser. Mon entraîneur, Thierry Saïdi, a su trouver l’électrochoc, en rallongeant ma pagaie de 3cm. J’ai ainsi pu prendre plus de plaisir à préparer l’ultime coupe du Monde, la semaine suivante. Me retrouver en finale, parmi les meilleurs mondiaux, a été un réel plaisir et une grande satisfaction, surtout que l’on a gagné en équipe.
Jonathan entouré de Nicolas Le Friec et Thierry Saïdi
Lors de la dernière manche de coupe du monde à Bratislava, tu passes en finale alors que le niveau dans ta catégorie était très relevé. Les autres finalistes avaient tous déjà décroché des médailles aux championnats du monde ou participé à la finale des JO. Que s’est-il passé lors des manches précédentes de la coupe du monde et aux mondiaux ? Comment expliques-tu les difficultés que tu as eues lors de certaines qualifications, ou demi-finale, alors que tu es capable de finir parmi les meilleurs ?
Sur les championnats d’Europe et la première coupe du Monde, j’ai eu des difficultés à rentrer dans les compétitions. En demi-finale, à Augsburg et Seu d’Urgell j’ai réalisé de belles manches mais à chaque fois j’étais sanctionné par une erreur qui m’était fatale. Aux Mondiaux, ce scénario s’est encore déroulé, avec une erreur sur la porte 17 qui m’a coûté cher sur les deux manches de qualification.
Comment penses-tu travailler afin d’améliorer ta régularité ?
Il y a beaucoup de paramètres qui rentrent en jeu pour améliorer mes erreurs sur les courses internationales. Cette année, j’ai fait le choix de concevoir ma propre forme de bateau, avec Zig-Zag, pour avoir du matériel totalement adapté à mes besoins. J’ai un nouvel entraîneur référent, Vincent Redon. Je continue de travailler avec Eric Biau et Nico Le Friec qui restent importants dans ma préparation. J’ai aussi modifié beaucoup de choses dans ma préparation technique, physique, mentale et logistique.
Dans les tribunes de Lee Valley pour suivre la vicoire de Tony
Tu étais dans les tribunes lors des jeux Olympiques de Londres. Quels en sont tes souvenirs ? Qu’en retiens-tu ?
C’était magnifique et très émouvant. Je n’arrivais même plus à encourager Tony pendant sa finale, tellement j’étais stressé. Encore plus que si j’avais été à sa place ! Cela m’a encore davantage confirmé dans mon objectif, d’être un jour, moi aussi, au départ des Jeux.
La dernière partie de cette interview concernera le futur de Jonathan et des jeunes du club… Le Brésil réussit bien aux membres du Lannion CK. Après avoir offert le premier titre de champion du monde (Sébastien Combot, K1H, en 2007), ce pays pourrait également devenir, dans l’histoire du club, comme le lieu de la première médaille olympique Lannionnaise… c’est tout ce qu’on peut souhaiter aux plus expérimentés du club (Jonathan, Sébastien) comme aux jeunes qui pourraient bien créer la surprise lors des sélections olympiques (Simon, Baptiste et Malo, Ewen…)